Mon histoire AFS

J’ai eu l’occasion de retourner à l’endroit où j’avais fait un séjour linguistique 2 ans plus tôt: Hambourg en Allemagne. La grande sœur de ma correspondante venait de rentrer d’un programme scolaire aux États-Unis et les retours de son expérience étaient très positifs. L’idée a ainsi commencé à faire son chemin dans ma tête.

À mon retour en Suisse, après de longues heures de recherche sur le web, j’ai fini par demander à mes parents si c’était envisageable que je parte une année après ma scolarité obligatoire en programme d’échange avec AFS. De longues heures de discussions se sont imposées pour, au final, une réponse positive! J’ai choisi de partir 10 mois en Afrique du Sud car c’est un pays anglophone lointain, plutôt chaud, et dans lequel beaucoup de cultures se côtoient.

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Premières impressions

Je suis arrivée en Afrique du Sud en septembre. La maison de ma famille d’accueil se trouvait dans un township entre deux grandes villes, appelée Tembisa, très loin de l’océan: 100% de la population est noire et le racisme y est encore très présent. La plupart des maisons n’ont pas l’eau chaude, ni de wifi ou encore de douche. Tous les jours de la semaine, je me rendais à l’école locale, un bâtiment très pauvre et sale.

La plupart des personnes m’appelaient «la blanche» ou «la riche» et me dévisageaient à chaque fois; ce n’était pas toujours facile. J’étais sans arrêt confrontée à leur regard et certains, parfois, arrêtaient même leurs activités ou sortaient de leurs petites maisons pour m’observer ou prendre des photos. De plus, habiter dans une maison de trois chambres à 7 et partager un lit avec une nouvelle sœur avec qui il m’était difficile de converser ne fut pas facile tous les jours.

Durant les deux premières semaines de mon séjour, je ne pensais qu’à rentrer. Chaque avion qui passait au-dessus de ma tête ravivait mes envies de retrouver mon chez-moi et me faisait pleurer. Puis le temps passa et, après 2 mois, je me sentais comme chez moi dans ce nouveau quotidien avec ma nouvelle famille et de nouvelles habitudes mais ce fut tout de même dur de m’acclimater à ce nouveau pays.

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Intégration

Les principales différences culturelles sont au niveau des croyances et des habitudes. Toute ma famille d’accueil est très croyante: tous les dimanches, nous allions à l’église de 9h00 à 12h30 au minimum et chaque jour, avant d’aller au lit, nous priions pendant 10 minutes. Là-bas, chaque famille habite avec les grands-parents; ainsi, les petits-enfants peuvent voir leurs grands-parents très souvent. D’ailleurs, les nombreuses fêtes de familles récurrentes font partie de mes meilleurs souvenirs: l’atmosphère et la bonne humeur des gens y étaient incroyables tout comme les moments de chants et danses.

Les plus grands défis que j’ai rencontrés ont été au niveau du confort et de la nourriture. Sans m’en rendre compte sur le moment, j’étais en train de vivre un véritable choc culturel. J’ai eu besoin de soutien de la part de mes parents et de mes amis restés en Suisse. J’étais contente de pouvoir régulièrement avoir de leurs nouvelles. Dans ma classe, nous étions 44 élèves malgré la petite taille de la salle de classe. Je me suis tout de suite bien entendue avec une fille du même âge que moi, qui n’habitait pas très loin. Nous nous sommes rapprochées et, au fil du temps, avons fini par créer de forts liens d’amitié. Elle me comprenait et me soutenait dans tout ce que je faisais.

Ce que j’ai le plus aimé durant mon séjour était ma famille d’accueil. Tout le monde souriait tout le temps et ils m’ont accueillie à bras ouverts. Même s’ils n’ont pas beaucoup de moyens, ils m’ont donné tout l’amour du monde. Les repas, eux, étaient incroyablement bons; j’ai pris pas mal de kilos que j’ai directement perdu, sans effort, à mon retour.

Mon expérience m’a permis de mûrir énormément, de me découvrir autrement et de voir la vie sous un autre angle. Après 10 mois, quel déchirement de quitter ma famille d’Afrique du Sud et ma meilleure amie.

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Transformation

Cette expérience m’a changée. J’ai appris à apprécier ce que je possède, à être ouverte à tout, à ne pas juger trop rapidement, et à accepter les personnes telles qu’elles sont. Ma vision sur la Suisse, le monde, le présent et le futur a également changé. Je suis revenue grandie et des souvenirs plein la tête.

De mon aventure, habits et bijoux, en plus des 10’153 photos que j’ai faites et la multitude de souvenirs de ces 10 mois, constituent ce que j’ai ramené de plus précieux dans ma valise.

Je souhaite à tout le monde de vivre une telle expérience loin de sa famille biologique. Outre le fait d’apprendre une nouvelle langue (ou dans mon cas, consolider mes bases d’anglais), on découvre une nouvelle culture, de nouvelles personnes, d’autres habitudes culinaires, de nouvelles villes et, surtout, on se découvre aussi soi-même. Cela permet de changer sa vision sur le monde et de mûrir.