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Passage de la douane, un dernier regard en arrière, et à partir de là, il était temps de regarder vers l’avant. Je me suis rendu compte que j’étais maintenant complètement seule. Je ne savais pas du tout à quoi m’attendre. Jusqu’à présent, je n’avais pratiquement eu aucun contact avec ma famille d’accueil. Lors du départ, ce sentiment d’excitation mélangé à de la tristesse et de l’incertitude peut alors être assez effrayant.

J’étais la première étudiante étrangère à venir à Iguaí, municipalité brésilienne de l’État de Bahia. Tout le monde se demandait pourquoi une Suissesse venait dans ce village désert. Mes premières impressions étaient très positives. Tout était si excitant, si différent. J’ai rencontré énormément de gens, car tout le monde voulait me parler. Je n’avais même plus le temps de penser à la Suisse.

Cependant, je me suis vite rendue compte que les règles et les comportements au sein de ma nouvelle famille n’étaient pas comme je les connaissais en Suisse. Mes parents d’accueil étaient toujours très inquiets pour moi. Cela me dérangeait beaucoup au début et je me sentais limitée dans mes mouvements. Mais avec le recul, j’ai réalisé qu’ils me considéraient comme un membre de la famille! J’ai donc appris à faire des compromis parce que je savais que ça ne marcherait pas autrement. Je pense que pour s’adapter, il est important de faire preuve d’intérêt et de motivation et être prêt à accepter certaines différences. Je n’ai pas nécessairement dû tout accepter, mais j’ai appris à faire des concessions.

Les deux premiers mois ont été très particuliers pour moi; j’avais l’impression de faire de nouvelles découvertes chaque jour. Dans mon cas, l’intégration dans la société n’a pas été un problème. Le fait que je vive dans un petit village m’obligea à apprendre très vite le portugais, c’était un avantage pour moi. A un moment donné, ce sentiment d’excitation disparaît et une routine s’installe. Durant cette période, je pensais souvent à la maison et à ce que faisaient mes amis. Pour la première fois, la maison me manquait vraiment.

Puis sont arrivées les grandes vacances, je suis partie avec ma marraine AFS et c’était génial! J’ai pu recharger mes batteries. De retour à Iguaí, j’étais beaucoup plus indépendante et non plus seulement « a Suíça ». Pendant longtemps j’étais considérée comme l’étrangère mais maintenant je me sentais enfin chez moi. Tout le monde a fait en sorte que je me sente comme l’un des leurs! Le temps a alors passé beaucoup trop vite.

La période des fêtes de fin d’année était particulière: j’ai célébré Noël et le Nouvel An en plein été et passé le réveillon du Nouvel An au bord de la mer, c’était une expérience incroyable. Et puis, vient le moment où le séjour touche à sa fin. Un monde s’est effondré pour moi. Un rêve semblait soudainement prendre fin et c’est comme si je me réveillais lentement et que je revenais à la réalité. En fait, je ne voulais pas rentrer chez moi. J’étais nerveuse, mais, d’un côté, j’étais aussi très heureuse de revoir ma famille et mes amis.

Le retour a été plus difficile que je ne le pensais. J’avais l’impression de ne pas être à ma place et je ne savais pas si j’étais rentrée ou partie de chez moi. Peu importe où j’étais, il me manquait toujours quelque chose: j’avais pris l’habitude de voir mes amis et ma famille du Brésil, et là, c’étaient mes amis et ma famille de Suisse.

Mais je sais que j’ai laissé mon empreinte sur ma famille d’accueil, mes amis, mon école et tout le village d’Iguaí. Ma famille d’accueil a pu élargir ses horizons et apprendre beaucoup de choses sur ma culture. De mon côté, je me suis enrichie de toutes les interactions avec les gens. Ils ont tous eu un impact sur moi. Je me rends compte que je suis devenue beaucoup plus patiente et ouverte d’esprit et j’apprécie tout ce que je possède. Cette année était unique et je sais que je ne l’oublierai jamais.

Sandra Limacher, boursière et participante à un programme d’échange interculturel d’une année au Brésil en 2007/08